Galerie désiré

mardi 7 juillet 2009

Il était une fois

une maison vieille de 300 ans...


devenue galerie d'art...
dans un quartier historique
d'un village occitan


Et une autre, voisine, qui fut démolie à l'arrache par un promoteur pour un vaste projet d'immeuble de rapport.


Une maison... mal située en somme!

Vraiment mal située ! Mais reprenons l'histoire....

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Le terrain vague servit alors de dépôt de matériaux et de parking ! Et cela dura, dura. La maison "travaillait"... jusqu'à ce que le mur se décrochât.
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"Ne vous en faites pas, Madame Larrivé, on va reconstruire
dès qu'on a le permis et ça consolidera tout..."
Faire un procès vous coûtera un max et ça n'ira pas plus vite...

Premier épisode.
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Mais ça "travaillait" de plus en plus : le mur tiendrait-il et jusqu'à quand ? Il tint jusqu'aux élections, ouf, il eût cédé avant et l'ancienne équipe serait encore en place. Le voici au moment où on a enfin assigné le promoteur. Hauteur : un "bon" 9 mètres. Zoomez sur le haut: impressionnant.

Ca s'écarte comme un mille feuille

A présent, ça va très vite. Ca s'agrandit de jour en jour.
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"Ne vous en faites pas, Madame Larrivé,
maintenant, le mur a pris sa place il bougera plus.
Y a pas d'urgence. On va reconstruire
et tout rentrera dans l'ordre."

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ET JUSTE APRES

Le sol chez moi a cédé d'un coup. Au deuxième étage, le plancher du fond s'est effondré sur celui du premier, qui s'est abattu sur la voûte du rez de chaussée, qui a cédé elle aussi jusqu'au sol... L'énorme mur, tirant vers le vide, a entraîné avec lui tous mes planchers qui y étaient ancrés... mais il a résisté ! Les twin tovers version St Ambroix. La maison a un aspect étrange de nef d'église. Gravats et poussière partout. Beyrouth sous les bombes. On ne voit plus à deux mètres. Ca bruite sinistrement. Crrrr Crrrr....

Peu avant, j'étais allée prendre les affaires de mon fils,
passant et repassant sur cet espace.

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On ne rentrait plus jamais dans les pièces
du fond, au premier et au second...
Mais on allait SOUVENT au rez de chaussée,
dans une cave voûtée qui servait d'entrepôt.
"Là, ça risque rien, vous avez vu l'épaisseur? "

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L'entrepreneur [dit le King] : "d'un côté c'est bien que
ça ait tardé à caguer, sinon on serait
passés au travers en travaillant."

Personne n'avait prévu que le mur tiendrait mais pas les sols.
Merci les techniciens et experts.
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Le procès est gagné rapidement. C'est le King qui va se charger de restaurer la maison sous la surveillance d'un maître d'oeuvre, comme dit le jugement. Mais surprise, le MDO, c'est lui. Il se surveille donc lui même, ce qui est la définition même de la sagesse certes... mais enfin...
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Ca rappelle l'histoire du gus renversé par un chauffard ivre...
qui insiste pour le conduire à l'hosto
s'improvisant également médecin...
grrrrr
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"Madame Larrivé, soyez contente,
on vous refait votre maison mieux qu'elle était...
Et puis c'est nous qu'on paie..."
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Actuellement, le mur est étayé. Ca plie un peu selon le temps.
Est-ce normal? "Mmmm. Fait chaud !"
Ca doit vouloir dire "oui".
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Naissance de la tragédie, le clash



Avant, des pierres (le mur vu de l'intérieur)
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Maintenant...



[j'ai été absente une heure]
de la bricouflette de 20, "on a pas lésiné, c'est du fort."
comme dans le sketch...
"Ca se fait beaucoup, c'est pratique et très isolant."
Pourquoi ai-je l'impression qu' "on" se fout de moi ?
"JE VEUX UN MAITRE D'OEUVRE."

Et ça continue, ailleurs...

Chez le voisin, au premier, à côté de chez moi,
il y a un "léger" affaissement du sol où les ouvriers passent
tout le temps... trois fois rien ; une locataire vit juste en dessous.
"Si vous enleviez un ou deux pavés pour voir ?"
"Mmmm"...
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... le King ne parle pas, il "mmmte",
sur des tons à apprécier :
il y a le "mmm" -presque- approbatif, rare,
le "mmm" agacé, fréquent, le "mmm" fataliste,
le "mmm" dubitatif, inquiet etc...
J'insiste: chat échaudé...
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Et c'est le pot aux roses. "Mmm! On va tous passer au travers".
Observez les patauds du fond, soulevés,
signe d'un effondrement imminent.

On l'a échappé belle. Il faut tout refaire. Illico !

Go. C'est déjà presque fait.
La poutre centrale (7 m de portée) avait fléchi
de 7 cm au milieu. Le risque était énorme.
Question: et si je ne l'avais pas tanné pour qu'il "regarde dessous" ?

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Chantier vu de la place de l'Eglise. Spectacle permanent. Le café ne désemplit pas. J'y suis dès sept heures. Les maçons sont sympas. L'un est un ancien élève de ma mère : il a été bouleversé en apprenant sa mort. Il a une voix superbe.

L'intérieur : l'escalier en pierres de taille, et le mur au fond, très haut, splendide et lugubre à la fois. Un petit "hôtel particulier" pauvre de 300 ans, dans ma famille depuis. Sur la partie "basse" vaguement crépite, j'ai peint "Freya", la Walkyrie. "Elle me tient compagnie" disait la locataire âgée du voisin du premier, très isolée. " Une merveille" a apprécié un esthète, gentiment, pour pousser sans doute à la conservation du mur. Est-ce elle qui a arrêté le King ? ou le coût ?
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Ses voies, comme celles de Dieu, sont impénétrables... mais il a décidé -sans rien nous en dire !- de conserver ce mur là entièrement alors qu'il avait annoncé qu'il allait l'abattre. Surprise surprise, toujours... Merci pour le coup.

Freya a l'air d'accueillir les gens qui entrent. Mais dans l'état où elle est à présent, elle évoque plutôt les derniers jours de Pompéi. Dommage, elle était resplendissante. Je la restaurerai.

L'escalier, magnifique et Freya à l'angle.

La maison vue de la rue Désiré. En apparence, pimpante...
[A condition de ne pas aller derrière et regarder en l'air.]
Ca a l'air intact: c'est vrai devant.
Mais dans les pièces du fond, nous risquions à tout moment
de recevoir les plafonds sur la tête.

Mon côté : la galerie-atelier
et la mosaïque, réalisée en attendant le King,
l'as du lapin [ça fait du temps pour assembler les tessons...]


les débris de la maison,
le beau marron clair est celui choisi par ma mère autrefois.

ça donne la mesure du temps...
des goûts de Lydie...

... de mon état d'esprit...


Un moyen symbolique de conserver
quelque chose de ce désastre.


Le visage se redessine tout seul,
au hasard des tessons...
D'abord de face : à présent, c'est l'Erynie,
déesse de la vengeance,
armée d'une dague-miroir...


Puis le profil est venu, évident.
Ca change tout le temps.
De plus en plus technique :


comme chez Wermeer de Delf,
dans la dague, l'image de la photographe agenouillée...
(non on ne "voit" rien, j'ai fait attention !)


... de plus en plus figuratif,
pas forcément une bonne chose :
un esthète témoin des différentes versions
dit avoir préféré la première,
bien que maladroite.




Finalement, j'y prends goût ! Auto portrait à présent.



Atlas... au féminin


La terre...



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Le côté de gauche, dans son jus.

Le côté droit à présent.


Mosaïque et restauration d'une fresque sur un vieux portail décrépit. "Beau" d'après certains, ou plus gentil encore, "Ca a le mérite d'être là" d'après une intello qui pèse ses mots, "il fallait le faire, c'était pas simple sans échafaudage" d'après un technicien... "mmm" d'après le King... "ça égaie la rue" selon un esthète... etc...
MAIS : "ce n'est pas dans le style du village" d'après nos élus. Soit.


Dans le style du village sans doute puisque c'est là depuis 10 ans.


Epilogue :

La Mairie me réclame* une facture d'eau de 4000 € faite par ma locataire (insolvable) il y a 10 ans dont on n'avait jamais relevé le compteur en six ans et demi... (pourquoi ?) et qui à présent sont directement prélevés sur mon compte, lequel se trouve parfois bloqué. Grrrr... Et je n'ai toujours pas l'eau. Je vais comme Marion à la fontaine, heureusement toute proche. Ah, St Ambroix ! Sa station d'épuration, sa pompe de "relevage", sa décharge, ses déco, son absence de bibliothèque, et son soutien aux "artistes"... la vie simple et tranquille, quoi !

* Pourquoi ? Méditer sur la notion de "concomitance" (deux événements se déroulant dans le même temps ou quasiment) et de "causalité" (le premier étant supposé être la cause du second) source parfois d'erreurs certes mais...


les vrais bénéficiaires de l'affaire, car il y en a

Trois chatons nouveaux nés que leur mère squelettique, abandonnée par son maître a amenés dans la galerie un soir pendant que juchée sur l'échelle je finissais la mosaïque... et qui ont tous été adoptés,
y compris la maman, merci à Jocelyne et à Françoise.


Le petit noir, un King version chat, qui feule après tout ce qui le dérange


La dernière, la plus intelligente, qui boude (le flash)
Je n'ai pas pris le petit gris morfale, parti dans la haute, gros appétit oblige.
Une remarque: le King les a lui aussi nourris et s'en est largement soucié.
Peu le firent, sauf une dame un peu enfant,
mais avec des hauts et des bas. [Un voisin charitable avait toutefois proposé de les noyer dans un seau vite fait bien fait : pour me rendre service, quoi.]



Hélène Larrivé, auteur et éditrice :

"Paroles de femmes"... L'"actualité en blog"... "Feu rouge clignotant"...
Livres : Crèches (Seuil); "Noces kurdes" (L'Harmattan) ; "Secret de famille" (Frison-Roche) ; "Lettres à Lydie" ; "Le puits de Célas" ... (HBL)
Comme éditrice : "Le petit garçon qui courait..." (Suzanne Rousseau) ; "Femmes d'Iran"; "Le procès"; "Chants philosophiques"...

"http://larrive.info/" le site
ou http://larrive.blogspot.com/ le sommaire des 13 blogs littéraires d'HBL: le Darfour, l'Iran, les blogs "nature et culture" -sur l'écologie-, la question kurde... plus le blog "fleur bleue" - bêtes et gens dans une galerie d'art particulière (http://animauxetgens.blogspot.com/)- et le superbe blog photo "un chemin perdu dans les Cévennes" (http://chemincasse.blogspot.com/etc...) ]

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